MAI 2025 -
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Le relais nature du parc Bougainville

À Marseille, au cœur du nouveau parc Bougainville, une gargouille de béton surdimensionnée s’élance et interroge : où va l’eau qui tombe du ciel ? Avec poésie, le bâtiment conçu par l’agence Zakarian-Navelet met en scène les éléments naturels pour incarner un béton ancré dans son environnement.

Face à un paysage urbain plutôt chaotique, le relais nature affiche une expression architecturale solide et pérenne.

Le parc Bougainville constitue la première tranche du grand parc urbain des Aygalades, grande coulée verte appelée à irriguer l’extension d’Euroméditerranée à Marseille, projet urbain initié par l’agence Leclercq Associés et poursuivi par l’agence Anyoji Beltrando, architectes-urbanistes.

Répondre au chaos

Ce nouveau parc, conçu par l’agence de paysage D’ici-Là, transforme une ancienne friche industrielle minérale et polluée en sol fertile. Son aménagement prévoit notamment la renaturation du ruisseau des Aygalades jusqu’alors enterré. Ici, la nature reprend ses droits et dessine le socle d’une nouvelle urbanité méditerranéenne destinée à la détente et à la pratique sportive en ville.

Le long du boulevard, le calepinage particulier de la maçonnerie en pierres massives crée des effets de moucharabieh qui laissent deviner les patios intérieurs.

Au sein de ce nouvel ensemble urbain, le Relais nature conçu par l’agence  d’architecture marseillaise Zakarian-Navelet s'inscrit dans cette dynamique de renaissance. Sa silhouette puissante et dépouillée évoque une architecture primitive contemporaine : un long volume rectangulaire de 51 mètres, posé au seuil du parc, dessine une partition de matériaux bruts et vivants. Stanislas Zakarian l’explique : « Ici, face à ce paysage urbain chaotique, nous avons souhaité convoquer la simplicité et créer un bâtiment comme une évidence ».

Pierre, béton, végétation

Entre un socle solide et un acrotère de toiture surdimensionné de béton brut, les murs en pierre massive de Beaulieu structurent ce nouvel ensemble. La pose traditionnelle de la maçonnerie sur lit de mortier de chaux et sable blanc siliceux, renoue avec les gestes ancestraux. Béton brut et pierre dialoguent dans un contraste de textures. Le bois, enfin, mis en œuvre pour les menuiseries, les assises et les poignées de porte tisse un lien intime et tactile avec l’usager.

Dans ce projet, chaque élément exprime une figure élémentaire et essentielle d’architecture. Un porte-à-faux de 17 mètres de longueur libère l’angle nord-ouest du bâtiment pour créer un vaste porche d’entrée. Cette unique ouverture côté boulevard, invite le visiteur à pénétrer vers l’intérieur du parc. 

Côté parc, l’accès au hall souligne l’évidence d’un bâtiment à cet endroit : une entrée face à un arbre. Le hall minimaliste se veut apaisant et chaleureux pour les enfants des écoles du quartier qui viennent ici pour redécouvrir les aménités de la nature. Chaque élément a sa fonctionnalité et sa signification. Des murs massifs en pierre fabriquent une enceinte solide qui entoure un sol en travertin, face à l’entrée le patio avec son chêne vert met le lieu à distance de l’ambiance bruyante du boulevard. Les bancs en béton, en bois ou mixtes, se fondent dans les lignes du sol et accueillent les corps et les cartables. La grande salle, aux volumes modulables par un mur mobile de bois, vit au rythme des usages, des saisons et de la lumière.

Un auvent en béton brut prolonge la grande salle vers le jardin pédagogique côté est. Il abrite les activités, les repas et les jeux des enfants sous son généreux ombrage. À l’angle sud-est, la grande gargouille guide les eaux pluviales de la toiture végétalisée, recréant symboliquement et physiquement le chemin naturel de l’eau pour arroser les plantations des enfants. 

Architecture lowtech et bioclimatique

Le concepteur poursuit : « Toutes les expériences sensibles du bâtiment sont assurées par des dispositifs architecturaux bioclimatiques passifs. Sous la dalle en béton qui reçoit une toiture plantée, des panneaux en fibres de bois assurent une acoustique confortable et une efficacité thermique qui renforce l’inertie des murs en pierre. L’été, des brasseurs d’air entrent en action la journée pour compléter ce dispositif passif. La nuit, l’aération naturelle des locaux est rendue possible grâce aux patios et à l’ouverture des impostes vitrées. Ces mêmes patios, où tombe une partie de l’eau pluviale, créent un abaissement naturel de la température. »

Les teintes naturelle et brute des matériaux mis en œuvre affirment l’appartenance méditerranéenne du projet : le gris minéral du béton, le beige doré de la pierre et du travertin, le brun chaleureux du pin, les verts et jaunes éclatants de la végétation. Ici, les matières naturellement belles se suffisent. Elles font l’essentiel d’une architecture qui a choisi de parler la langue humble et universelle du bien-être, du vivant et de l’usage.

Qualités environnementales : certification : E+C-, niveau E2-C1, Bâtiment durable méditerranéen niveau argent

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Reportage photo : © Clément Guillaume 

Fiche technique

  • Maîtrise d’ouvrage : Euroméditerranée
  • Maîtrise d’œuvre : Zakarian-Navelet architectes-urbanistes (Pauline Herard, Olivier Navelet, Jérôme Roubaud, Ly-Sha Than, Stanislas Zakarian)
  • BET TCE : Arcadis
  • Paysagistes du parc : D’ici-là
  • Entreprise (gros-œuvre/pierres massives) : Tessera
  • Surface : 550 m2 surfaces couvertes dont 350 m2 spd
  • Coût travaux : 1,05 M € HT euros
  • Programme : maison du parc et relais nature du parc Bougainville, sanitaires publics, loge du gardien, salles d’exposition, tisanerie, bureaux.

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